Extrait des échos du 5 septembre 2012 - Roger-Pol DROIT
« Ce qui trouble les hommes, disait Epictète, ce ne sont pas les choses, mais les opinions qu'ils en ont. » Ce dont souffre la France, et dont elle pourrait ne pas se remettre si elle persiste, c'est de s'obstiner à scruter un mirage. Elle s'accroche désespérément à des horizons absents. Pourtant, dans le sillage des vieux stoïciens, Descartes, notre héros philosophique national, nous a conseillé depuis longtemps de savoir faire de nécessité vertu. Dans le « Discours de la méthode », il formule cette règle : « Changer mes désirs plutôt que l'ordre du monde. » Contrairement à ce qu'on croit souvent par erreur, ce n'est pas là un principe de résignation.
Sur ce point crucial, Freud nous a appris que rien n'est aussi simple que le croient les philosophes : les désirs résistent à la connaissance du réel aussi bien qu'à la voix de la raison. Dit autrement : notre psychisme peut à la fois vouloir manger le gâteau et le conserver, même si notre intelligence sait parfaitement que c'est impossible. Jamais le savoir rationnel ne supprime le désir. Celui-ci persiste au contraire, si impérieusement parfois que c'est la représentation de la réalité qui flanche. Cela s'appelle un déni, l'existence de tel élément de la réalité est reconnue, en même temps qu'on se refuse à l'admettre .
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